LA JOURNÉE DU TOURNEUR DE PLAQUE

 

  Il n’y a que quelques employés au petit dépôt de Sainte Piste. Quelle tranquillité ! On se croirait à LONS-LE-SAUNIER à la fin des années 40 (voir RMF N° 395 page 5). Parmi les figurines que j’ai choisies pour donner vie à mon décor, un personnage se trouve souvent dans l’entrebâillement de la porte grinçante de la cabine de la plaque tournante, ou sur les passages pour piétons au début des voies de remisage des locomotives. Il s’agit d’Aimé, surveillant de dépôt, mais que ses collègues appellent couramment « le tourneur de plaque » (et, dans son dos : « Rabruti »). 

Panne de courant ce matin ! Aimé doit tourner la plaque à la manivelle. Encore heureux qu’il ne pleut pas… Comme pour le narguer, le courant électrique revient juste après.

Deux amateurs s’approchent pour observer la 140 J. Contrarié d’avoir eu à tourner la plaque à la manivelle, Aimé sort de sa cabine et  les engueule.

La 050 TX 16 sort de levage et se trouve nouvellement affectée au dépôt de Sainte Piste. Personne ne sait où se trouve la commande des purgeurs. Aimé prétend le savoir. Il monte sur la machine, tire un levier, ce qui provoque une extraction en plaque ! Tout penaud, il re-descend…

 Une « douze-cent » rentre au dépôt. En échange du reste de pinard dans la « plate » du jeune chauffeur, Aimé s’occupe du complément de TIA à sa place.

Un wagon des services des combustibles vient d’être acheminé. Aimé donne un coup de main à André pour dépoter le fuel dans la citerne.

C’est l’heure de la pose casse-croûte. Après avoir mangé le contenu de sa gamelle, Aimé veut épater ses collègues : il assure être capable de soulever un compresseur bi-compound, posé sur une palette. Il n’y parvient pas, ses potes le charrient.

Cet après-midi, le « patron » vient d’arriver avec sa « traction ». Il appelle Aimé pour aider Robert à placer des crics de part et d’autre d’une 140 E dont le bissel doit être réparé.

Après avoir transporté le bissel à l’atelier, Aimé est encore appelé par le chef de dépôt, au local du TIA. « Il ne va pas me lâcher, ce tantôt… », renâcle Aimé. Le patron lui demande d’identifier des fûts reçus la veille par le collecteur traction.

Le patron demande maintenant à Aimé de le suivre où a été récemment remisée la « Moutin » 241 A 1. Il lui apprend qu’elle va être démolie ici par le personnel du dépôt.

Enfin, le patron est parti. Au parc à « combuts », plusieurs wagons chargés de charbon viennent d’être livrés. Les tombereaux sont manœuvrés avec la 050 TX. Aimé vient prêter main forte aux « coketiers ».

Il monte sur le tas de briquettes pour empiler celles que va lui lancer un coketier depuis la porte du wagon. 

Aimé a une spécialité : il sait déverrouiller les portes de wagons tombereaux récalcitrantes. Il rend volontiers ce service …contre un litre.

Il commence à faire sombre. Avant de quitter son service, Aimé se rend à la pompe et fait le plein du locotracteur, afin qu’il soit prêt pour le lendemain.