En cet hiver 2017-2018 pendant lequel j’ai sérieusement développé une addiction aux locomotives du P.O., je corresponds avec un quarteron d’amateurs de cette compagnie et ses locomotives. Après l’idée de faire une "5000" à partir d'une 140 C Lilliput et du démarrage de ce chantier par l’ami Laurent Quelet, je lui ai aussitôt emboîté le pas et ressorti un modèle qui dormait dans sa boîte. Il avait bien raison : pied à coulisse en mains, ça colle : châssis et tablier exactement de la même longueur, essieux et bloc-cylindres aux mêmes endroits.... L’utilisation de ce modèle comme base mécanique permet de garder un fonctionnement irréprochable pour la future loco !
J'ai scanné les photos et diagrammes trouvés dans les bouquins, et ai fait mon choix quand à la chaudière : celle de la TA Jouef. La partie "bas de la boîte à feu" en zamac qui sert de support au moteur, se rétrécit en bas à 15 mm, c’est ce qu'il faut pour représenter le foyer "Belpaire" caractéristique. Il suffit d'ajuster cette partie sous la boîte à feu de la TA. Le bloc-cylindres a un "coeur" en Zamac (faisant partie du châssis), "chapeauté" par des coques en plastique qui représentent la forme des cylindres et tiroirs cylindriques. Je m’apprêtais à modifier cette forme au niveau des tiroirs, pour représenter les tiroirs plans de la « 5000 ». Et puis, en l’observant et le présentant sur le diagramme, je me suis rendu compte que le bloc-cylindres de la 040 TA Jouef est identique, alors je l’ai adopté. Par contre, je dois bien vous prévenir, amis constructeurs de modèles, que le remplacement des cylindres d’origine par ceux de 040 TA a entraîné la modification de presque tout l’embiellage de distribution. Pour ceux qui ne préfèrent pas se risquer dans de tels travaux je recommande de ne pas y toucher et d’essayer de modifier au mieux, seulement la forme de la partie « tiroir » au-dessus des cylindres d’origine.
Ma chaudière de 141 TA était cassée à l'avant, mais constatant qu'il manquait 2 ou 3 mm en longueur, je l'ai sciée puis ai raccordé un tronçon de tube plastique (tube électrique diam. 18), qu’il restait à ajuster en longueur après durcissement de la colle. Pour la cheminée, j'ai utilisé une M.T. Réf. chem 08, que j'ai re-tournée pour supprimer la collerette. Le dôme de vapeur de la 140 Cd’origine est réutilisé, c’est bien la même forme. J’ai complété le dessus des dômes de sablières par une rondelle mince (Diam. 10 mm), comme je l’avais fait pour la 130 D « Mogul P.O. » (voir cette rubrique), afin de leur donner la forme de « lessiveuse à l’envers » typique des locos d’origine Midi et P.O. J’ai refait au tour le "saladier" des soupapes, en donnant le diamètre au-dessus adapté à la pièce Jouef des soupapes, puis l’ai collé au bon emplacement.
La partie du bas étant donc absente sur le corps cylindrique de 141 TA Jouef, je lui ai donné la forme adaptée pour recevoir le bloc moto-transmission Lilliput tel qu'il est. C'est vrai qu'il y avait le risque d'avoir besoin "d'un chausse-pied et de démonte-pneus" pour le faire rentrer, mais il fallait y parvenir coûte que coûte, quitte à fraiser dans l'épaisseur du plastique au ciel du foyer pour faire remonter le moteur au maximum. Et c’est ce que j’ai dû faire.
L’abri doit être fabriqué intégralement, par découpe et soudure de tôle de laiton et maillechort. Le petit tender « 12 B » à deux essieux est presque le même que celui de la 130 D « Mogul P.O. », je l’ai construit de la même façon avec les mêmes composants, sauf les roues qui doivent être un peu plus grandes et pleines.
Voici, raconté avec plus de détails et par légendes de photos des étapes successives, le processus de cette reconstruction.
Eric Seibel – mars 2018
Voici les livres que j’ai pu consulter :
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« Un siècle (1840-1938) de matériel et traction sur le réseau d’Orléans » de Lucien-Maurice Vilain (éd Vincent, Fréal et Cie) pages 271 à 275
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« Soixante ans de traction vapeur sur les réseaux français (1907-1967) » de Lucien-Maurice Vilain (éd Vincent et Cie) pages 111 et 112
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« Les 140 – Les « Consolidation » françaises » de Bernard Collardey (éd. L.V.D.R.) pages 46 à 50, 90-91, 141, 158 et 160
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« Les vaillantes Consolidation 5001 à 5167 du P.O. », article de Jean-Paul Geai dans la revue « Le Train » N° 298, pages 42 à 47
Je remercie pour leur prêt de livres, documents et aides diverses les amis Gaby Bachet, Stephane Gaychet, Laurent Quelet, Philippe Roques …et Robert, l’administrateur du site M.T.
ALBERT HERDNER ET ÉMILE SOLACROUP, LES GRANDS NOMS DU PAYS.
Plongé dans les livres de Lucien-Maurice Vilain, encouragé par les amis inconditionnels du P.O., je découvre cette locomotive, à l’aspect bien différent de « mes » familières 140 d’origine PLM.
Un peu d’histoire : tout a commencé à la compagnie du Midi qui, avant de devenir le pionnier de l’électrification des lignes, a beaucoup innové dans le domaine de la traction vapeur. Sous l’impulsion de l’ingénieur en chef Albert Herdner, le parc traction du Midi fut en constante évolution. La S.A.C.M. fut sollicitée pour étudier une machine à disposition 140, alors d’un emploi courant aux U.S.A. sous l’appellation « Consolidation ». Deux prototypes furent construits en 1902, numérotés 4001 et 4002 (avec conduite à droite). Il s’agissait des toutes premières 140 françaises. Aux essais – notamment sur la difficile ligne des Causses Béziers-Neussargues – ils montrèrent des performances plus que satisfaisantes, aussi 16 autres machines furent aussitôt commandées ; elles furent construites de 1903 à 1907, et numérotées 4003 à 4018, avec conduite à gauche.
La compagnie du P.O., dont le service traction était alors dirigé par l’ingénieur Emile Solacroup - constatant ces excellentes performances commanda aussitôt pour ses besoins une série de locomotives sur les mêmes plans. Procédant des « 4000 » de la compagnie du Midi, les 140 du P.O. furent construites de 1904 à 1909 et furent numérotées 5001 à 5152. Elles étaient à ce moment parmi les plus puissantes d’Europe. Elles faisaient merveille sur toutes les lignes accidentées du P.O., affectées aux dépôts de Châteauroux, St Sulpice-Laurière, Montluçon, Ussel, Brive, Capdenac, Montauban, Bordeaux…. La série fut complétée en 1911 par 15 machines supplémentaires (N° 5153 à 5167), qui reçurent d’origine la surchauffe, des tiroirs cylindriques à la b.p. et un échappement type « Nord ». En 1936, les ateliers de Tours améliorèrent 17 machines parmi les 5001 à 152 en les équipant de la surchauffe et un échappement Kylchap.
Avant la création de la SNCF, pas moins de 33 dépôts (P.O. et Midi confondus) ont eu des « 5000 » à leur effectif. La SNCF leur donna l’immatriculation 140 B 1 à 152, 140 C aux machines étant équipées de la surchauffe. Jusqu’à l’extinction de la série - les dernières furent radiée en 1955 sauf la 140 C 153 qui ne le fut qu’en 1960 (générateur de vapeur à Angoulème) - encore 30 dépôts les ont comptées comme pensionnaires. C’est l’époque que j’affectionne, plus proche de moi, celle des « bonnes à tout faire ». Et puis cette « tradition », ce signe particulier » de la région Sud-Ouest qui était d’écrire un zéro devant les nombre à deux chiffres dans les immatriculations : « cent quarante bé zéro treize »
Ah ! Ca me botte, ça !
PHOTOGRAPHIES ET LÉGENDES DES OPÉRATIONS PAS À PAS.
1 - Le châssis de 140 C Lilliput présenté sur le diagramme de 140 P.O. La prise de vue étant trop près déforme la perspective, mais les dimensions sont bonnes.
2 - Les cylindres sont des coques en plastique qui chapeautent des tenons en Zamac. Le circuit imprimé ne sera pas réutilisé, principalement à cause de l’énorme prise et du paquet de fils trop visibles sous la liaison tender/loco.
3 - Le tablier en Zamac est réutilisé. L’arbre de marche et le berceau de chaudière ne le seront pas.
4 à 7 - modification de l’avant du tablier. Sur la tôle sont soudés des fanaux M.T. Réf. fan 05, et dessous des marchepieds Réf. march 11. Tampons P.O. Réf. T 19.
8 - Une bordure en profilé de laiton en forme de T de 1. 5 mm est soudée de part et d’autre de la tôle et collée le long des bords du tablier.
9 - Le bas du bloc de transmission a une largeur de 15 mm, ce qui correspond à celle de la boîte à feu du foyer « Belpaire » de la « 5000 » du P.O.
10 - Le corps cylindrique de 141 TA Jouef, rallongé à l’avant par un tube électrique. Cheminée M.T. Réf. chem 08 tournée, et – posé devant – le dôme de vapeur de 140 C qui remplacera celui en place.
11 et 12 - Le haut du bloc de transmission est meulé jusqu’à obtenir la même largeur que la boîte à feu de 141 TA. La partie manquante sous le corps cylindrique devant la boîte à feu sera comblée par une pièce découpée dans le même tube électrique.
