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Emblématique de la région Ouest pour la desserte des petites antennes campagnardes subsistantes en « époque III », cette petite locomotive évoque nos souvenirs d’enfance. Tout modéliste ferroviaire ne peut que succomber à son charme, même si comme pour moi ce n’est « pas sa région et pas sa contrée ».
Ces machines avaient été construites à partir de 1865 ! Trois séries totalisant 340 unités étaient sorties jusqu’en 1885 des ateliers de nombreuses firmes, dont Fives-Lille, SACM Grafenstaden, Schneider, Constructions des Batignolles, Wiener-Neustadt, Franco-Belge… A noter que la conduite était à droite, ce qui était courant jusqu’au début des années 1900, et qu’elle l’est toujours restée. C’est à peine croyable, mais les dernières unités étaient encore en service en 1960. En parcourant « Les dépôts vapeur de l’Ouest » on peut noter les suivantes : 030 C 841 à Angers, 824 à Chateaubriand, 749 à Fougères, 692 à Lisieux, 757 au Mans, 716 à Mezidon, 817 à Nantes, 780 à Saint-Brieuc, 540, 720 et 815 à Sotteville (liste non-exhaustive). Les ultimes retraits du service ont eu lieu en 1967, avec les 540 et 768. Mais la 815 a été rallumée en 1970 pour son excursion en Franche-Comté (voir encadré ci-contre), avant sa conservation à la Cité du train à Mulhouse.
Bien sûr ces locomotives avaient été améliorées au fil du temps et des grandes révisions, avec comme grand changement dans l’aspect extérieur, un abri - un vrai, protégeant plus efficacement l’équipe de conduite. Les survivantes des dernières années étaient mariées avec un tender 15 A à trois essieux, augmentant leur autonomie en eau et en combustible.
C’est dans cet état final des années 50 et 60 que j’ai choisi de faire ce modèle.
Eric Seibel
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LA "DER des DERS" SE PAIE UN
BAROUD D'HONNEUR ... EN SUISSE !
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Malgré la conduite à droite, l’équipe doloise n’a aucun mal à s’occuper de la vieille bouillotte. A droite Louis Chifflet, à gauche Alphonse Bataillard. Dole, 18 août 1970.
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De la « Suisse normande » à la Suisse Romande il y a un grand pas. Il est franchi en ce mois d’août 1970. Tout arrive. Pour fêter le centenaire de la liaison ferroviaire franco-suisse à Vallorbe, la 030 C 815 a quitté sa Normandie. Hélas pour elle, contrairement à la chanson qui nous touche-tous, c’est pour ne plus la revoir, son destin est le musée du chemin de fer de Mulhouse, sans tchou-tchou sans vie. Les CFF l’accueillent sur leurs rails, tout comme la 242 AT 6 et d’autres matériels plus récents. Va pour la 242 puisque celles de Pontarlier avaient probablement fait quelques incursions à Vallorbe dans les années 40-50. Mais on peut s’interroger sur le pourquoi de la présence de la 030 C. Certes, dans son état « briquée comme un sou neuf » il faut reconnaître qu’elle en jette, mais est bien loin d’être représentative des engins de traction français ayant fréquenté ces lieux. Faut dire qu’en ce début des années 70, les commémorations se font sans se soucier de ces détails, ceux à qui revient la tâche de trouver et acheminer des matériels roulants font ce qu’ils peuvent et avec ce qu’ils trouvent…
Et aujourd’hui ne boudons pas pour autant notre plaisir. Voici donc la brave 030 C 815 en parfait état de marche, arrivée au dépôt de Dole. Pour la conduire en feu à Vallorbe et son retour, sont désignés Louis Chifflet (conducteur et ancien mécanicien vapeur), et le chauffeur Alphonse Bataillard.
J’avais interrogé Louis :
- « Vous ne connaissiez pas du tout cette série de machines, auparavant. Vous n’aviez pas eu de difficultés pour la faire fonctionner ?
- Aucune. Les locos vapeur avaient les mêmes commandes principales. Quand on avait appris les gestes du métier on pouvait se débrouiller avec la plupart des machines, surtout les plus anciennes comme celle-là, c’était d’une grande simplicité ». |
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La 030 C 815 telle qu’elle était exposée à Vallorbe en août 1970.
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MARCHE OU RÊVE, PETIT TRAIN D'ORBEC ! |
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La 030 C 662 à Lisieux.
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« Vous n’écoutez plus « Pas de panique » - c’est « Pas de panique » qui vous écoute »…Phrase répétée, voix saccadée, aigüe, vitesse accélérée, genre dessin animé. Claude Villers – inoubliable conteur à France-inter – nous passait les bandes-son d’auditeurs qui les envoyaient à l’émission, enregistrées sur une « K 7 », le support audio des années 70. Reportages insolites, ambiances sonores parfois étranges. Certains confectionnaient un savant montage, nous faisaient découvrir des univers inattendus, leurs mondes à eux, leurs rêves… Ajouté à ça que Claude Villers était un grand passionné de trains, lorsqu’il nous racontait l’un de ses périples ferroviaires c’est dire comme on gambergeait ! Radio days, nostalgie…
L’idée de voir un jour circuler mon modèle sur le fameux réseau « Normanville » de l’ami Xavier Jacquet, talentueux modéliste dont on a suivi les réalisations et les enseignements depuis les années 70, c’est imaginer l’adéquation totale du matériel avec le décor. Sacrément motivant !
« Marche ou rêve », tel était le second titre de l’émission de Claude Villers. Moi aussi « Je marche à ça », pas vous ?Comment ne pas entrer dans celui de Xavier en l’écoutant, tout en contemplant ses pastels, l’autre facette de son art :
« A la recherche du temps perdu, le train de mes souvenirs dévale la pente de ma mémoire. Comme à chaque fois que l’express Paris-Trouville entrait en gare de Lisieux, je la cherchais du regard parmi les Mikados qui stationnaient au dépôt.
Presque centenaire, elle était là, fidèle au poste, une légère fumée s’échappant de sa haute cheminée. Preuve qu’elle vivait encore. Plusieurs fois par semaine, on pouvait encore la voir en tête d’un train de marchandise entre Lisieux et Orbec. En 1961 un locotracteur remplaça la vieille locomotive.
Plusieurs années après la fin de la vapeur, j’ai parcouru cette petite ligne du pays d’Auge. Elle s’était fondue au cours des ans dans le paysage normand. Bordée sur une partie de son parcours par une barrière de bois peinte en blanc comme tant d’autres barrières du pays d’Auge, la voie ferrée semblait se protéger ainsi des bovins et des chevaux avides de déguster les herbes folles poussant entre ses traverses. Peu de talus, peu de tranchées, la voie suivait le cours de l’Orbiquet, rivière à truites, peu profonde et aux eaux vives et cristallines. De la route, seuls les poteaux télégraphiques permettaient encore de repérer la ligne.
Aujourd’hui dans ma mémoire reste gravé l’image de cette petite locomotive que je vois toujours tirant quelques wagons de marchandises parmi les pommiers en fleurs du côté d’Orbec, au cœur du Pays d’Auge.
Les petites 030-C ont fait preuve d’une vitalité exceptionnelle. Plus de 100 ans après leur naissance elles roulaient encore. Le dépôt de Mézidon les garda à son effectif jusqu’au 18 Août 1966 date de la radiation de la 030-C-716.Ces petites locomotives à l’allure vieillotte ne manquaient pas de charme avec leur grande cheminée, leur dôme en forme de pot à moutarde et leur distribution à excentrique. Utilisées à la desserte marchandise des petites lignes du Pays d’Auge, celles de Mézidon étaient affectées exclusivement à la ligne Mesnil-Mauger à Gacé. La 030-C-801 était appréciée du personnel de conduite car son tender à trois essieux avait été équipé d’un abri qui protégeait le personnel des intempéries lors des nombreuses circulations tender en avant. A cette époque le transport des marchandises par fer était vital pour l’économie du pays. Chaque gare où presque possédait une halle à marchandise recevant ou expédiant régulièrement des wagons isolés. Ce trafic nécessitait de nombreuses manœuvres effectués sans défaillance par la vieille locomotive, crachant vapeur et fumée noire pour la plus grande joie des ménagères qui avaient étendu leurs linges à proximité de la gare. » |
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LES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION |
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Le corps cylindrique en tube de cuivre de plomberie diamètre 18. Cheminée, dômes et cache-soupapes usinés au tour, porte M.T. Réf. pbf 14.
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À partir du diagramme à l’échelle, découpe des éléments de l’abri dans de la tôle de laiton ép. 0.30.
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Soudure de la cloison frontale de l’abri. |
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Soudure de l’arrière du corps cylindrique sur un coupon de tôle laiton. |
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Ébauche du tablier à partir de morceaux découpés dans un ancien élément de 140 J et de plaque striée.
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Fixations arrières (vis/écrous M2), aménagement de la « devanture » (récup’ sur une 040 TA Jouef, volants M.T. Réf. vol 02 et vol 10, Flaman AMF 87)
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Le capot du régulateur est taillé à la fraiseuse dans un morceau de laiton.
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Après finition à la lime et équipements de petits détails, le régulateur est complété par les tubes d’admission et les embases sur le tablier.
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Les tubes sont obtenus avec du fil de cuivre du bâtiment, section « 1,5 carré ».
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Préparation du bloc-cylindres, à partir de celui d’une 040 TA Jouef.
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Ébauche du châssis dans un profilé laiton de 10 X 10.
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Adjonction de contrepoids conformes par collage sur les roues de 150 Z Roco.
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Sur le châssis, usinage des passages d’essieux adaptés aux paliers Roco, confection du dessous de châssis et du support arrière pour l’assemblage.
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Sur le support, sont soudés des tubes laiton qui recevront les palpeurs de courant des roues du dernier essieu. Un autre support de palpeurs est placé entre les deux premiers.
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Soudure de couvres-roues (M.T. Réf. po 14) sur le tablier.
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Confection des bielles d’accouplement : 2 bandes de laiton soudées ensemble pour leur perçage et façonnage, puis séparées ensuite.
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Même procédé pour les bielles à excentrique.
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Comme il y a 2 bielles se chevauchant et que l’une des 2 se termine par une chape, il faut faire 2 paires de cette dernière.
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Embiellages de distribution gauche et droit préparés. Les bielles excentriques avec chape sont celles de derrière.
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Une manivelle préparée. Sont solidarisées par soudure une vis laiton M 1.4 pour la roue Roco, et une M 1 (celle avec l’écrou) pour recevoir le palier d’excentrique des bielles. Ici écrou M 1 provisoire.
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Un embiellage (ici le gauche) monté. L’écrou de 1 mm définitif de maintien du palier d’excentrique est un écrou spécial, plus petit extérieurement.
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Le corps cylindrique reçoit ses bouchons autoclaves, chapelles et supports de mains courantes. Les espaces entre lui et les tubes d’admission sont comblés au Sintofer.
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Après durcissement, enlèvement du surplus de Sintofer.
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Pose des cercles de chaudière (M.T. Réf. div 92 c)
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Au tablier sont soudés des marchepieds, et des ressorts à lames sont collés au-dessus des couvres-roues du 3ème essieu.
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C’est le moment d’équiper complètement la superstructure. Côté gauche : main courante, tringleries, pompe à air, tuyauteries. Le sifflet est posé sur la toiture.
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Côté droit : main courante, tringleries et barre de marche.
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Des rainures sont creusées à la fraiseuse au-dessus du châssis pour y loger la ligne électrique, sur laquelle viennent se greffer les fils de bronze phosphoreux palpeurs de courant.
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Usinage d’un châssis pour le tender. Essieux de tender Roco, transmission par vis sans fin et pignons à denture en biais d’anciens kits M.T. au module 0.4 (les mêmes existent chez Roco).
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Un cadre est confectionné avec des chutes de photodéc’. Découpe des faux longerons à la forme adéquate pour recevoir des boîtes d’essieux rapportés plus tard par collage. Soudage de supports de palpeurs de courant derrière, pour les roues de l’essieu central.
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Ce cadre est fixé par vis grâce à des trous taraudés à l’avant et à l’arrière du châssis.
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La caisse est obtenue par saucissonnage de celle du 18 C Jouef.
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Tous les éléments constituant le nouveau tender sont prêts pour la peinture et le remontage définitif.
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Un moteur de diamètre 13 mm laisse de la place pour un lest suffisant.
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Impératif : les deux essieux moteurs ont des roues avec « pneu » d’adhérence. Un timon est installé pour l’accouplement avec la loc’.
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Accouplement tender-machine. Pour la ligne électrique sont utilisés des raccords-tulipe.
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La loc’ n’ayant pas encore reçu de couche d’apprêt, on peut voir les plates-formes se chevauchant entre loc’ et tender, et la prise du Flaman sous le tablier.
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Application d’une couche d’apprêt puis peinture vert 306 RailColor.
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Tout ce qui se trouve sous le tablier (sauf les côtés des cylindres) est peint en noir mat, comme ici les embiellages.
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Le dessus du tender est aussi noir mat. Il reçoit un chargement de charbon en poudre, et quelques briquettes à l’arrière qui masquent l’écrou de sa fixation.
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LE MODÈLE EN DÉCOR |
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Le modèle 030 C 662 sur le réseau « Normanville » de Xavier Jacquet. Photos Xavier Jacquet, avec mes remerciements.
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Diagramme avec indication de la cote à régler pour obtenir le dessin à l’échelle
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LISTE DES ÉLÉMENTS UTILISÉS |
AMF 87
- Boîtier flaman Réf. A 316
- Peinture en bombe vert 306 RailColor
- Lettres et chiffres en décalc’s Réf. D 003
- Macarons TIA Réf. D 007
- Noms de dépôts Ouest-ETAT Réf. D 302
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INTERFER
Jeu de plaques de numérotation
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MÉCANIC TRAINS
- Jeu de tampons Réf. T 33
- 2 paires de sabots de frein Réf. div 60
- 2 couvres-roues Réf. po 14
- Paire de glissières de crosse doubles Réf. eta 09
- Paire de coulisses Réf. mik 13
- Paire de manivelles Réf. man 01
- Rivets d’embiellages Réf. riv 01
- Paire de ½ accouplements de frein Réf. att 02
- Plaque de tôle striée Réf. div 57
- 4 plaques de marches Réf. jeep 20 (pour confection des marchepieds)
- Pompe à air « Fives-Lille » Réf. pomp 15
- Paire de chapelles Réf. div 77
- Sifflet Réf. sif 01
- Porte de boîte à fumée Réf. pbf 14
- Volant de porte Réf. vol 05
- Supports de fanal Réf. div 44
- Ensemble de volants Réf. vol 10
- Volant de marche Réf. vol 02
- Levier de régulateur Réf. C 19
- Supports de mains courantes courts Réf. div 96 et moyens Réf. div 97
- Paire de trappes de remplissage de soutes à eau Réf. div 110
- Réservoir-doseur TIA Réf. div 33a)
- Cercles de chaudière Réf. div 92c)
- Fanal Réf. fan 05
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SAV ROCO
- 3 essieux accouplés de 150 Z Réf. 100284
- 4 vis à épaulement pour les bielles d’accouplement
- 1 essieu de tender à roues lisses Réf. 121877
- 2 essieux de tender à roues à gorge avec anneau d’adhérence Réf. 108265
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L'OCTANT
- Barre de laiton carrée 10 X 10
- Maillechort en barres droites, diamètre 0.40 et 0.50
- Tôle de laiton ép. 0.30
- Vis et écrous
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Caisse de tender 18 C
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Bloc-cylindres de 040 TA
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« devanture » de 040 TA
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